MINES, CARRIÈRES, FORGES ET INDUSTRIES DIVERSES

Toute la vallée de Rabat est riche en minerai. Depuis fort longtemps en effet, l'industrie du fer y est connue. En 1390, il existait dans le comté de Foix ( d'après le dénombrement des feux commandé par Gaston Fébus ), onze forges à la Catalane dont une à Rabat.

Son emplacement correspondait à celui indiqué en face du hameau de Carniès sur la carte de César-François CASSIGNY de THURY publiée dans les années 1770, avant son déménagement à "Enfalits" pour plus de commodités et d'espace afin de produire plus, tout en économisant le combustible.

Jules Francois, ingénieur des mines, détaille les mécanismes des Moulis de fer, celui de Carniès en est un des exemples:

Marteau biscayen. On sait que dans le traitement biscayen le marteau et la soufflerie n'avaient d'autre moteur que les bras et le poids des hommes, agissant sur des roues. Le forgeage se faisait sous un marteau frontal en fer. Ce marteau n'agissait que par son poids. Aussi était-on forcé de lui en donner un trés-considérable. On en rencontre qui pèsent jusqu'à 1 200 et 1 600 kilogrammes, (..) Tous ceux que l'on voit aujourd'hui ont été trouvés sur les montagnes, en des points voisins de l'entrée de mines de fer et loin des cours d'eau. On n'en rencontre que là où ont travaillé les forgeurs venus des provinces basques.

(...) Cette disposition prit le nom de Mouli de fer. Elle est indiquée m f à la carte des usines. On cite les forges biscayennes de Sainte-Colombe, d'Orlu , de Montségur, de Monferrier, de Celles, de Miglos, de Siroball (montagnes d'Aston), de Gourbit, d'Alzen, de Saleich , d'Arbas, de Canejean, etc. Les moulis de fer de Bésines (près l'Hospitalet), de Carniès (près Rabat), d'Alens , de la Mouline et Lescalis ( Aston ), de Rivernert, d'Alos , de Caponta ( Auzat ), etc.

(..) Plus tard on sentit la nécessité à la fois d'augmenter la production et d'économiser le combustible. Ce fut cette dernière et impérieuse condition qui amena peu à peu aux creusets actuels. — Ainsi les forges à bras font place aux creusets biscaïens avec soufflets à éventail et marteau frontal. Mais, vers le XVe siècle, les besoins de la consommation forcent à agrandir les creusets, les forges descendent au fond des vallées, et l'eau est substituée comme moteur aux bras et aux poids des hommes. Puis les creusets prennent la forme quadrangulaire, et la nécessité d'avoir un vent soutenu, aussi bien que les chutes élevées de nos vallées, amène la trompe (1640 à 1680). Alors apparaît la méthode dite petite catalane, du Wallespir, dans laquelle on faisait de 80 à 100 kilogrammes de fer forgé par opération de 4 heures.

 

Mine de la Garrigue :

« Le minerai de fer de Rabat, situé au quartier de la Garrigue sur le chemin de Génat, est en forme d'amas allongé de l'est à l'ouest, et en relation avec un petit massif ophitique enclavé dans les marnes upraliasiques vers leur contact immédiat avec les assises supérieures du calcaire à dicérates. L'amas minéral sépare l'ophite du calcaire, est orienté 0.20° N., avec plongement sud de 50°; son afleurement visible snr 50 à 60 mètres avec une épaisseur variable de 4 à 5 mètres est composé de bancs irréguliers en richesse d'oligiste rouge compacte ou cristallin vers le toit et de fer oxydulé magnétique au mur, disposés en couches stratrifiées et entremêlées d'assises ophitiques pauvres. Il a été reconnu sur 25 à 30 mètres de profondeur; l'oligiste rouge dominant au toit est assez pur, peu pyriteux et a donné d'assez bons résultats dans divers essais faits aux forges catalanes du pays ; d'après M. François il rend 58,6 p. 100 de fer à l'analyse; du coté du mur, le minerai est noir, magnétique, siliceux et sableux. il contient des pyrites visibles, qui parfois s'élèvent de 0.5 à 1,8 p. 100, et le rendent impropre au travail des feux catalans.

Vers 1834, des recherches exécutées par quelques habitants de Rabat conduisirent à des excavations dans lesquelles on reconnut une ancienne exploitation, conduite irrégulièrement par piliers et galeries. En quelques jours, plus de 2000 quintaux de minerai furent extraits et livrés aux forges voisines; abandonnés à des hommes ignorants, ces anciens travaux furent bientôt détruits, les piliers furent sapés par la base, le toit du gîte s'écroula et l'ensemble prit l'apparence d'une tranchée abandonnée. Au fond de cette tranchée on remarquait deux descenderies tortueuses suivant l'inclinaison du gîte, l'une d'elles était obstruée par des éboulis récents, l'autre descendait à un étage inférieur d'exploitation avant le dernier éboulement.
Cette désastreuse exploitation sans guide continua encore plusieurs années jusqu'à 1838.
Un peu plus tard vers 1839, une compagnie nouvelle entreprit à 15 ou 20 mètres en dessous des anciens affleurements, une galerie de recherches à travers bancs; cette recoupe traversa 28 mètres. de roches ophitiques, formant le mur du gîte, 5 à 6 mètres de mélange d'ophite et minerai dont la moitié parait être exploitable.
Au front, fut ouverte une descenderie de 10 mètres, suivant la masse minérale; cette dernière était toujours formée de minerai noir au mur et d'oligiste rouge au toit, elle paraissait moins pyriteuse et de meilleure qualité. De 1850 à 1854, ces derniers travaux furent, de nouveau, repris, la descenderie fut allongée d'une vingtaine de mètres, au fond quelques dépilages de 2 à 5 mètres de haut et autant de large furent commencés.
En outre, sur l'affleurement et à une vingtaine de mètres des anciens travaux, fut commencée une tranchée à travers bancs du nord au sud, de 6 mètres de long, qui mit à nu 4 mètres de minerai noir au mur, rouge au toit; sur l'affleurement trois descenderies, suivant le pendage, ont été faites, elles sont distantes de 3 à 4 mètres les unes des autres; celle de l'est peut avoir 10 mètres de profondeur, celle du centre 20 à 22 mètres et celle de l'ouest 4 à 5 mètres; au fond l'oligiste domine. La hauteur de la mine de Rabat au dessus du niveau de la mer est de 900 mètres; elle est de 300 mètres au-dessus de Rabat. Pour amener le minerai à la gare de Foix. il faut le descendre à dos de mulets jusqu'à Rabat, trajet qui exige une demi-heure, et de là le conduire à Foix par route charretable, pendant un parcours de 20 kilomètres. L'établissement d'une voie économique de transport entre le carreau et la mine de Rabat, serait assez facile. »

Annales des mines ou recueil de mémoires sur l'exploitation des mines, ressources minérales des mines de l'Ariège par Mr Mussy, ingénieur des mines aux éditions Dunod en 1869.

 

Dans sa Recherche sur les gisements et le traitement direct des minerais dans les Pyrénées et en particulier dans l'Ariège, l'ingénieur des mines Jules François nous présente en 1843 une description intéressante sur l'état de la mine situé à la Garrigue.

 

Cette mine se composait de plusieurs galeries creusées au flanc de la montagne. Derniers essais vers 1900. De petites bennes supportées par un câble de transport permettaient d'acheminer le minerai sur "Campagne" ( face au sentier de Pradières ).

De là, il était transporté sur des chariots à Tarascon pour y être traité. Très riche, d'un rendement de 80 %, il finit par manquer et l'exploitation fut abandonnée entre 1918 et 1920. La presque totalité du matériel fut achetée par les plâtrières de Surba. Aujourd'hui les galeries sont éboulées. On peut voir les restes d'un pylône à "Plat d'Abals".

 


Mines et forge de Pujol:

A Pujol, près des "Massès" se trouve un petit gisement de fer, jadis exploité et peut être même traité sur les lieux. Vers 1920, on voyait encore les restes d'une bâtisse et les amas de scories. Il semble que cette "forge à bras" essentiellement artisanale, fut abandonnée. Le minerai fut transporté à dos d'homme à la forge de "Fustaret".

Mine de Mèce et forge du Fustaret :

Il est un autre endroit d'où l'on extrayait le fer, et qui est généralement peu connu, à Mèce on peut y aller, passer par "Mantiès" et se diriger vers la "Foun Santo", au-dessus de cette source deux ou trois dépressions de terrain indiquent l'emplacement de l'ancienne mine. Le minerai était transporté à la forge à la Catalane de Fustaret pour y être traité.

les excavations restent visibles, vue du ciel, via google map

Jules François, ingénieur des mines déclare en 1843 sur la mine de la Fount-Santo:

Et sur la Mine des Mouillés au dessus du hameau de Carniès:

Carrière de Talc de Blanquou:

Une ancienne carrière de talc fut exploitée à Blanquou au-dessus du hameau de Carniès. La pierre était descendue par un câble jusqu'à la route à côté du "Roc de Cayre". Les blocs étaient ensuite traités à l'usine des Vernières. De nos jours, il ne reste rien de la carrière sinon quelques excavations.


Description d'une forge à la Catalane:

« Avant de décrire ces essais, je crois devoir donner une idée de la forge de Rabat dans laquelle ils ont eu lieu. Cette forge, l'une des mieux construites du département de l'Ariége, se compose comme toutes les autres, d'un foyer de forge, auquel le vent est fourni par une trompe, et d'un gros marteau.

Le foyer de forge, ou creuset présente les dimensions suivantes: le côté de chio a 0m,71 largeur à la bouche du creuset, et 0m,57 au fond du creuset; ce côté, construit en taques de fer forgé, est vertical. L'orifice du creuset offre un carré parfait de 0m,71 de côté; le fond du creuset est un rectangle, ayant 0m,57 parallèlement au chio, et 0m,63 parallèlement au contrevent. Le contrevent est incliné en dehors, de manière à former avec la verticale un angle d'environ 10°.

Le creuset a 0m,80 de profondeur verticale. Le trou de la tuyère est percé à 0m,46 au dessus du fond; la tuyère est inclinée de 45° et la saillie, dans l'intérieur du creuset est de 0m,30. La face de rustine est construite en pierres réfractaires; celle du vent et du contrevent sont dans le bas, formées de taques de fer forgé. La trompe qui fournit le vent nécessaire au fourneau, consiste, comme toutes celles de l'Ariége, en deux arbres à base carrée, et garnis de soupiraux; ces arbres surmontent une caisse dont la base est un trapèze; c'est de cette caisse que s'échappe le vent par un tuyau vertical.

La chute de l'eau dans cette trompe est de 2m,90 depuis le niveau de l'eau dans le coursier jusqu'au bas de la caisse à vent. La buse, qui est à l'extrémité, du portevent, a pour orifice un cercle de 17 1ignes (0m,038) de rayon. Cette buse s'enchasse dans une tuyère en cuivre rouge dont l'oeil est une ellipse qui a 0m,035 dans le sens horizontal, et 0m,030 dans le sens vertica1. Le marteau est en fer forgé; il pèse 18 quintaux ( 738 kilogramme ). Il est mû par une roue à palettes de 3 mètres, sur laquelle l'eau est amenée par un coursier presque vertical. L'arbre de la roue porte trois cames en fer forgé. »

Sur des essais faits dans une forge catalane du département de l'Ariège, avec des minerais de fer du canton d'Allevard, département de l'Isère par M. le Chevalier du Bosc, aspirant Ingénieur au Corps Royal des Mines, en juin 1815.

 

 

 


Les enclaves des anatéxites de Rabat-Carniès:

Lors de la construction de la route forestière de La Freyte au bois Débès, du Ressec de 1959 à 1961, une étude géologique des pierres extraites a été effectuée par Mrs MORRE et THIÉBAUT :

« Dans les anatôxites qui constituent la partie orientale du massif des Trois-Seigneurs, des cipolins à humites ont été signalés depuis longtemps par A.LACROIX [1910], dans la région de Carniès, à l'Ouest de Gourbit. Ces dernières années, une route forestière a été construite le long de la rive gauche du ruisseau de Rabat. Entre les dernières maisons du hameau de Carniès et une colonie de vacances, récemment édifiée, à 150 m environ avant d'arriver à celle-ci, de grands blocs, que l'on peut considérer comme étant presqu'en place, ont été exploités pour l'empierrement de la route. Ces blocs, aux cassures fraîches, sont constitués par une anatexite à texture granitoïde, riche en enclaves ovoïdes ou arrondies de taille et de constitution minéralogique variée. A côté de l'exploitation, un abri sous roche est formé d'une grande dalle de cipolin blanc, localement riche en minéraux. Nous décrirons successivement: - l'anatexite - le cipolin - les divers types d'enclaves, en particulier celles dont le centre est formé soit par un calcaire métamorphique, soit par une épidotite, un gneiss à diopside ou une cornéenne grenatifère. »

 

 

 

Tableau des forges du comté de Foix en 1786

Quelques noms de forgeurs présent sur Rabat de 1906 à 1931, glanés sur le site des Forges de Pyrènes.

- ARABEYRE Jules, forgeron chez Joseph NIGOUL

- ARISPURE Joseph, forgeron chez BLAZY

- AUDOYE Albert, forgeron chez BLAZY

- BARDIES Martin, forgeron

- BIART Germain, forgeron chez DELMAS

- BLAZY Jospeh ( né en 1872 ), forgeron

- BLAZY Joseph ( né en 1880 ), forgeron

- CARBONNE Emile, forgeron

- CARBONNE Jean, forgeron

- CLASTRES Antoine, patron

- CYPRIEN Jean-Baptiste, forgeron chez BLAZY

- EYCHENIÉ Philippe, patron

- GALY Jean-Baptiste, forgeron chez DELMAS

- IZAURE Alphonse, forgeron

- IZAURE Adrien, forgeron chez DELMAS

- IZAURE Henri ( né en 1865 ), forgeron

- IZAURE Henri ( né en 1879 ), patron

- IZAURE Jean-Baptiste, forgeron chez DELMAS,

- LAGUERRE Eugène, forgeron

- LUNAL Etienne, patron

- MALLET Joseph, forgeron chez DELMAS

- MALLET Lucien, forgeron chez DELMAS

- MALLET Pierre, forgeron

- NIGOUL Eugène, forgeron chez BLAZY

- NIGOUL Henri, forgeron chez DELMAS

- NIGOUL Prosper, forgeron chez DELMAS

- PAGES Auguste, forgeron chez DELMAS

- PAGES Augustin, patron

- PAILHOLE Prosper, forgeur chez CLAUDE

- PUJOL Firmin, forgeron chez DELMAS

- PUJOL Jean, martinetteur chez BLAZY

- PUJOL Pierre ( né en 1859 ), patron

- PUJOL Pierre ( né en 1870), forgeur chez DELMAS

- ROUSSE Alexandre, forgeron chez DELMAS

- ROUSSE Philippe, frappeur chez DELMAS

- ROUZAUD Henri, patron

- ROUZEAUD Alexandre, forgeron chez BLAZY

- ROUZOUL Francois, forgeur

- ROUZOUL Pierre, forgeron chez BLAZY

- SOUBRE Noël, forgeron

- TAUDOS Jean, fondeur, hauts fourneaux à Tarascon

 

 

 

 

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