Curés, Vicaires, Prêtres et Maires 1655-1922 sur les actes d'états civils

Corbeyran 1er de Foix-Rabat

Jean-Baptiste Mortaize

Georges Bergasse-Laziroule

Toussaint Nigoul

Adrien Arispure

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Curé, Vicaire, Recteur et Prêtre

Laforgue, vicaire 1655
Cathala, 1656 - 1658
Dutaux ou Dufaux, 1655 - 1667
Hilaire, vicaire 1666
Depeyroffite, vicaire 1658 - 1660
Host, vicaire 1660 - 1663
Domergue, 1668
Sinegré, vicaire 1668
Diribarne, recteur 1668 - 1672
Danflous, vicaire 1671 - 1673
Pedemur, 1671 - 1672
Albanhac Guilhaume, curé 1672 - 1697 (décédé le 28/08/1700)
Penegiria? 1673
Bartholomé, 1674
Benazet Jean, prêtre 1691 - 1737 (décédé le 23/01/1738)
Pradere, vicaire 1700
Domergue, vicaire de Gourbit 1702
Lauga G, vicaire de Saurat 1738
Benazet Guilhaume, 50 ans environ vuré 1737 - 1767 (décédé le 20/06/1767)
Berné, curé 1760
Bellisent, vicaire général 1760
Martin Pierre, Paul, curé 1767 - 1791
Bernadac, prêtre et vicaire 1766 - 1772
Lulhet, prêtre 1769
Marfaing Jérome, curé puis officier public 1791 - 1793
Maury, 1791 - 1792
Rouzaud B, vicaire 1792
Viches R, de Tarascon 1792
Lemercier, vicaire épiscopal 1792

 

Rivière François, curé 1821 - 1885
Nigoul Louis, curé 1885 - 1889
Bompierre Henri, curé 1910 -

 

 

 

Officier Public

Nigoul François, 28 vendémiaire An 4 - 28 ventôse An 4
Estebe François, 12 prairial An 4 - 1810

 

Maire

Arispure, 1776 - 1785
Estébé, 1786
Arispure Jean Pierre, 2 brumaire An 11 - 1807
Rousse Raymond, 1811 - 1815
Arispure Jean Pierre, 1815 - 1825
Rousse Raymond, 1825 - 1830
Izaure Jean, 1830 - 1831
Nigoul Mathieu, 1831
Auriol Jean Francois, 1832 - 1842
Estébé Joseph, 1843 - 1846
Arispure Jean Paul, 1846 - 1848
Teulié Jean, adjoint faisant office de maire 1849
Bedel Philippe, 1849 - 1854
Auriol Jean Francois, 1854 - 1869
Espelette Lucien, 1870 - 1874
Cabibel Ferdinand, 1874 - 1888
Bedel Jean Baptiste, adjoint au maire empêché 1884 - 1887
Laffont Basile, adjoint faisant office de maire 1888 - 1892
Espelette Lucien, 1893 - 1895
Laffont Basile, adjoint faisant office de maire 1895
Ricard Joseph, 1895 - 1911
Clastres Louis, 1911 - 1912
Brunet Arsène, 1912 - 1913
Ricard Joseph, 1913 - 1919
Arispure Paul, 1919 - 1921
Ricard Joseph, 1921 - 1922

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Corbeyran 1er de Foix-Rabat:

Il nait en 1321 et décède en 1402 au château de Rabat après y avoir testé le 10 octobre 1402. Son prénom provient de la Corbeyre du nom du ruisseau qui parcourt la vallée du même nom.

Il fut le précepteur, le conseiller, l'administrateur puis le sénéchal de Gaston Fébus de 1364 à 1387.

" Gaston Fébus trouva en Corbeyran un frein à ses déchainements et un conseiller d'une acuité et d'une sagesse de vues telle qu'on pourrait comparer celui-ci à un Talleyrand. Corbeyran fut le Talleyrand des Pyrénées, loyal et ferme comme un roc, mais un Talleyrand incorruptible et désintéressé. Il le suivra partout afin de le protéger. Il fut le grand modérateur de l'esprit tumultueux de Gaston Fébus. Si Gaston Fébus avait suivi ses conseils, il aurait réussi à faire de lui le souverain de tout un royaume méridional allant de l'Atlantique à la Méditerranée et des Pyrénées à la Garonne."

Appréciation du Prince de béarn

 

" Il fut surnommé " le valeureux, le brave " en raison de ses exploits guerriers entre autres contre les Sarrasins vers 1400 en compagnie de Gaston II. On dit qu'avant de partir pour ses expéditions, il confia ses propres terres et celles de son suzerain le comte de Foix à ses lieutenants, et qu'il lança, en son nom et en celui de Gaston II, ce défi à ceux qui auraient tenté de s'en emparer: Tocos-i se Gausos , devise qui fut adopté par les comtes de Foix et qui est actuellement la devise de la ville de Foix.

Par la suite il alla combattre en Prusse, en compagnie de Gaston Fébus, et celui-ci semble lui avoir confié le commandement de ses troupes. "

 

Adelin Moulis, si les comtes des Foix m'étaient contés...

 

" Mossen Corbayran de Foixs " rendit hommage, le 31 août 1398, dans l'église Saint-Volusien de Foix, à Archambaud de Grailly et à Isabelle, comte et comtesse de Foix. Puis le 16 mars 1401, dans la chambre d'état de l'abbaye de Foix : Hommage rendu à Archambaud et à Isabelle, comte et comtesse de Foix, par " lo noble mossen Corbayran de Foix, cavaler, per lo loc e castel de Fornets, lo loc e castel de Rabat, lo loc e castel de Montfa, la mieytat del loc de la Bastida de Besplas, lo loc de Lobaut [ Fornex, Montfa, la Bastide de Sérou, Loubaut sont des communes de l'arrondissement de Pamiers et du canton du Mas d'Azil ], e totes autres que ha e a luy aperthienin en lo comtat de Foix ".

 

Il épousa en 1370, Mengarde de Villars et eu cinq enfants.

Dans son testament rédigé en latin, Corbeyran demanda à être enterré dans l'église de Rabat " aux pieds de la tombe de son père " et règle le détail de ses obsèques.

 

" Il est représenté à cheval, revêtu de son habit de guerre, sur un grand portail de fer, à l'entrée du château de Fornets en forme de médaille, autour de laquelle on lit une inscription: Corbeyrandus de Fuxo, dominus de Ravato, de Fornellis 1311 et de l'autre coté du portail, on voit les armes de la maison de Foix. D'or à trois pals de gueules, le dernier sur l'angle droit de l'écu est brisé de 3 losanges, cimier un loup. "

Le Père Anselme, dans l'Histoire Généalogique et Chronologique
de la maison royale de France des Pairs, grands officiers de la Couronne
et de la Maison du Roy et des anciens Barons du Royaume

Tome 3, 1728

 

D'après Etienne Carbonne, le blason de Corbeyran qui se trouve à Fornets a un casque de chevalier pour cimier; il serait intéressant de connaitre vers quel coté la tête est tournée car tournée vers la gauche, cela indiquerait une bâtardise et accréditerait la thèse sur Loup, mais jusqu'à quel degré de parenté peut-on remonter?

 

 

Un gros doute persiste sur l'ascendance de Corbeyran; En effet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Baptiste Mortaize:

Il est né le 05 Mars 1796 à Rabat. Entré à la Grande Chartreuse en 1836, il en devint le prieur du Grand Couvent et le supérieur général de l'Ordre. Surnommé par les anciens " lé Sant dé Rabat ". Il décéda à la chartreuse de Pavie en 1870. A l'initiative de Toussaint Nigoul, un buste à sa mémoire fut placé en 1914 dans l'église Sainte-Marie à Rabat, buste que le sculpteur Grégoire Calvet fit, le représentant " figure ascétique au crâne entouré d'une mince couronne de cheveux ". ( G.Calvet fut aussi le sculpteur du monument aux morts. )

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Georges Bergasse-Laziroule:

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Il nait le 14 Mars 1763 à Saurat. Il était officier d'artillerie en retraite à Saurat au moment de la Révolution. Il devient, le 08 avril 1789, l'un des 4 députés élus du Tiers-État aux États Généraux, favorisé en cela par son cousin l'avocat Jean-Joseph Fauré de Tarascon primitivement choisi mais qui déclina ce privilège pour raison de santé; il protesta contre l'émission des assignats-monnaie pour le remboursement de la dette publique. Après la terreur, il est nommé substitut du commissaire du Directoire près le tribunal civil de l'ariège et est élu le 24 germinal de l'an 6, député du tout nouveau département de l'Ariège au conseil des cinq-cents par 175 voix. Il combattit puis appuya par la suite le projet d'impôt sur le sel. En 1799, il appuya le maintien d'un article qui ne frappait de déportation que les prêtres non assermentés. Hostile au coup d'État du 18 brumaire, il se retira de la vie politique.

Le 15 prairial de l'an 4, il acquit avec 2 autres les bois et montagnes de Gourbit et Rabat qui furent vendues comme biens nationaux ainsi que la plupart des propriétés des seigneurs précédents, il en devint rapidement seul propriétaire. Maître de forges à Rabat, il exploita à outrance les bois de la forêt pour alimenter ses forges à la catalane, ce qui provoqua nombre d'incidents avec les habitants qui espéraient se retrouver libre de tout asservissement avec la Révolution; d'autant que la vente des biens nationaux ( les bois et montagnes ) n'avaient pas pour autant fait perdre les anciens droits d'usages des communes qu'il aurait dû respecter. Comme autre bien national, il acheta le presbytère, ancienne propriété des de Sabran qu'il restaura à grands frais et qui devint sa demeure.

Il décèda le 08 avril 1827 à Rabat, léguant la somme de trois mille francs aux pauvres de Rabat.

 

 

 

Opinion sur l'état des dépenses et des recettes publiques de l'an 7 et sur le projet de compléter les recettes par une taxe sur le sel, Conseil des Cinq-Cents.

Intervention à l'Assemblée Nationale en séance du 28 septembre 1790 suite à la reprise de la discussion sur le mode de liquidation de la dette publique.
Opinion sur le projet de rembourser la dette exigible par une émission d'Assignats-monnaie.

Procés verbal d'un essai fait dans la forge de Rabat, juin 1815.
Les Métamorphoses du terroriste Roques.G. Bergasse-Laziroule aux citoyens du département de l'Ariège. (Saurat, 22 prairial an 3.). en 1792

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toussaint Nigoul:

 

Fils d'un "fargayré" de Rabat, il fut commis principal au ministère des postes et télécommunications, journaliste, écrivain d'histoire et romancier. Ancien secrétaire du comité Lakanal dont Pascal Duprat fut le président.

Dans son Histoire des Ariégeois (Comté de Foix et Vicomté de Couserans) volume n°6 publié en 1886 aux éditions Perrins et compagnie, Henri-Louis Duclos évoque Toussaint Nigoul dont voici quelques extraits:

« Le nouveau personnage dont nous devons parler maintenant est M. Toussaint Nigoul, esprit distingué, dont les facultés se sont appliquées à des sujets divers, qui a une place marquée dans le journalisme, en même temps qu'il a fait ses preuves comme écrivain d'histoire, mais que le roman acclame à son tour, Ah! si la destinée avait poussé M. T. Nigoul dans la direction unique des travaux intellectuels, s'il eut voulu marcher dans les rangs des romanciers, ne nous a-t-il pas fait pressentir qu'il ne resterait pas indifférent et inutile pour la gloire ariégeoise? La littérature, la politique, les affaires personnelles, les questions départementales, les intérêts généraux, l'amitié, l'enthousiasme pour les nobles choses et pour la liberté, voilà le cadre et l'aliment tout à la fois de cette activité.

M. T. Nigoul est un de ces Ariégeois attachés, comme nous tous des occupations professionnelles, mais dont la pensée active ne saurait se désintéresser ni de la politique, ni de la science sociale, ni du mouvement littéraire de notre pays; il a ses envolées, ses coups d'aile. Si d'autres rêvent le relèvement de la France par la reconstitution de l'autorité, M. Nigoul le rêve sans doute par l'affermissement démocratique de la liberté; mais, d'après ce que nous avons saisi dans les feuilles publiques; ce qu'il veut comme d'autres, il sait pourquoi il le veut, et, comme d'autres, il est convaincu que ce qu'il veut est bon. »

suite de l'article consacré à Toussaint Nigoul:



Bibliographie de Toussaint Nigoul:


Isabelle Ducos, histoire parisienne, aux éditions E. Dentu ( 1875 ).


Lakanal avec Préface de Pascal Duprat, de Marcus ( pseudonyme de Toussaint Nigoul ), aux éditions C. Marpon et E. Flammarion, ( 1879 ).


Les Forges Catalanes, Société amicale des Ariégeois ( 1886 ).


Pascal Duprat. Sa Vie - Son Oeuvre, aux éditions E. Dentu, ( 1887 ).


Nos instituteurs M. Guichou, aux éditions Gadrat aîné, ( 1889 ).


Monsieur Simonet, aux éditions.


De Rabat à Aulus, Bulletin périodique de la Société Ariégeoise des Sciences Lettres et Arts, aux éditions Gadrat aîné ( 1900 ).


La Grande-Chartreuse. Autrefois. Hier. Aujourd'hui. Poignants souvenirs, aux éditions Tolra et M.Simonet ( 1912 ).


Toussaint Nigoul a participé aussi à l'Ariège Pittoresque de 1912 à 1914 à la veille de la Grande Guerre, une revue hebdomadaire illustrée dans lequel il a écrit des articles sur Rabat, ses environs, ses habitants..

- Rabat, sa vallée, sa montagne, son Gavarni, le 08 janvier 1912,

- Ussat en trois tableaux, le 05 septembre 1912,

- A Rabat, la fête des saints et des morts, le 07 novembre 1912,

- La grande Chartreuse, le 28 novembre 1912,

- La pierre lisse, le 19 décembre 1912,

- Conte de Noel, Manchérou, le 26 décembre 1912,

- Lakanal et la critique, le 30 janvier 1913,

- Contes d'hiver, les sorcières, le 20 février 1913,

- Nécrologie d'Adrien Clastres, le 13 mars 1913,

- Au village, le 03 avril 1913,

- Un printemps les hirondelles, le 01 mai 1913,

- Gabriel Fauré, le 29 mai 1913,

- M L-G Mayniel, le 05 juin 1913,

- Honoré Icard, le 03 juillet 1913,

- Le général Hoche, le 10 juillet 1913,

- Hippolyte Marcaillou d'Aymeric, le 14 aout 1913,

- Notre Dame D'ax, le 28 aout 1913,

- d'Ax à Puycerda, le 25 septembre 1913,

- Mirabeau, par Louis Barthou, le 09 octobre 1913,

- Les morts: l'oncle, l'abbé, le 30 octobre 1913,

- De Tarascon à Surba, le 22 janvier 1914,

- Notre Cloche, le 29 janvier 1914,

- Souvenir d'une passante, le 02 juillet 1914,

- Jean-Baptiste Mortaize, le 09 juillet 1914,

- Epilogue sur la glorification du prieur J-B Mortaize, de Rabat, le 16 juillet 1914,

- Conclusion sur le R.P J-B Mortaize, le 23 juillet 1914.

- L'hommage profane, le 30 juillet 1914,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Adrien Arispure (Paul, Pierre, Casimir, Adrien, 1826-1896):
par Claude Delpla,
l'éthnotexte d'Ariège, Via Domitia n° 25, imprimé par le service des publications de l'Université de Toulouse-le Mirail en 1981.

 

« Adrien Arispure est né à Rabat en 1826. Sa famille d'origine basque s'était fixée dans le Pays de Foix au 14ème ou au 15ème siècle. Elle appartenait à l'administration des comtes de Foix, vicomtes de Béarn et rois de Navarre (1479). Un Arispure (peut-être le grand-père d'Adrien) a joué un rôle politique pendant la Révolution: il a été de 1791 à 1793 membre de l'Assemblée Départementale, équivalent de notre Conseil Général actuel. Adrien Arispure était médecin. Républicain, anticlérical, il était, à la fin de sa vie, radical et, probablement, franc-maçon.

En 1861, il écrivit Le curé de Rabat, texte qui ne parait pas avoir été imprimé. Nous en avons retrouvé deux manuscrits dont l'un, semble-t-il, de la main de l'auteur. Arispure appartenait à un groupe d'écrivains occitans de la région de Tarascon dont les activités littéraires se situent entre 1860 et 1914. Ce cénacle semble avoir subi l’influence du poète carnavalesque Séré qui vivait sous Louis-Philippe. Les plus connus de ces écrivains sont Casimir Fauré-Lacaussade, auteur du Lutrin, Joseph Crastes, le conteur, Joseph Aybram, poète et conteur, le poète Bue, le conteur Clément Depeyre et parmi les plus jeunes Buille, Jean Baptiste Sourrouille, Maurice Roques, Firmin Amiel, Nadalet, surtout, Paul Dunac, «Pol de Mounegre» (1855-1928) et Auguste Teulié (1861-1920).»

Adrien Arispure a écrit de nombreux poèmes. Nous n’avons retrouvé que 270 vers:
— Le Rector de Ravat
— La naissança de l’amor
— Una curiositat sauradèlha
— Les rectors
— L’engeric (?) d’une pudenta raça

Très lié à Paul Dunac, Arispure a participé aux luttes politiques de la fin du 19e siècle dans les milieux radicaux. Proche du Félibrige rouge, il prit part à la fin de sa vie à la création de l’Ecole de Montségur (aux côtés de Perbosc, Estieu, Caussou, Dunac, Teulié et Gadrat) mais mourut peu après, à Rabat, le 27 juin 1896.

Le Curé de Rabat, le Poème d’Arispure évoque un célèbre curé de Rabat dont on parle encore aujourd’hui: l’abbé François Rivière (né à Ax en 1793) qui resta curé de cette paroisse de 1821 jusqu’à sa mort le 29 janvier 1885, c’est-à-dire pendant soixante-quatre ans. Son frère, l’abbé Joseph Rivière (né en 1797, à Ax) fut curé d’Orlu de 1854 à 1885 et mourut en 1892.

Selon la tradition encore vivante, l’abbé Rivière a véritablement régné sur Rabat: il détenait le pouvoir politique, économique et religieux et se comportait comme le seigneur du lieu: usurier, homme d’affaires, il « possédait », dit-on, la plupart des femmes du village et on lui prêtait énormément de bâtards. Comme certains curés de l’Ariège, il ne dédaignait pas les pratiques de magie. Il est très difficile de voir aujourd’hui ce que la tradition actuelle doit au poème d’Arispure. Ce texte néanmoins est très intéressant pour éclairer l’histoire du clergé rural en Ariège au 19e siècle. Dans sa notice nécrologique, le journal conservateur Le Moniteur de l’Ariège (8 février 1885) écrivait, non sans humour involontaire,« tous les habitants de Rabat sont ses enfants spirituels» .


Pour terminer nous voudrions donner le court poème d’Arispure intitulé Les Rectors:»

Les rectors amorosis e volatges
An totjorn de nebots e jamès de mainatges.
Son pas coma le de Sant Martin
Que ditz n’aber mès que non pot noirir.
Aquel almens es franc, parpalhol de ruèlas,
El ris, canta ambe las demaisèlas
Car res non tempta tant una beutat profana
Que la vertut en dol e l’amor en sotana.

Le Rictor de Ravat
(L'Curé de Ravat)

Casta fîlhas del cèl per uflar ma museta
Dissatz me charlucar vostra doça popeta;
Musas, ben permetètz qu’un novèl noirigat
A la font d'Ipocrena umblament amorrat

Forrupe a bèl plaser la frescor de l’aigueta
E trasplante sul bord una simple floreta.
Ambe vostras favors sul Parnassa assietat,
Vau pintrar sense fart del rictor de Ravat
Les crimes coneguts de sa vida passada

Despeis qu’el espelhic juscas aquesta annada.
Nesquéc als taussols d’Ax; fil d’un bancarotièr,
A l’atgede dotze ans se fasquèc carretièr;
Pus tard disséc le foet per prene la sotana
Qu’el a solhat cent cops dins sa vida profana.

O cèl! Direm-g-oc tot aquel mostre idos
Sense onta a violât raubas e cotilhons,
Non siatz pas estonats, quand fèc sacrat diacre,
Reneguèc le bon Dieu per embraçar le Diable;
E le jorn qu’endossèc la stola de rictor

Prometèc al demon d’esser son servitor;
Sus son libre jurèc al nom de sa tonsura
De n’adorar que l’dieu protector de l’usura;
Jurèc en mèma temps sus sa fe de rictor
De viure sens remors dins la fornicacion.

L’usurièr, l’impudic a tengut sa promessa:
El a tot profanat jusca la santa messa
E non valdria pas mès veire aquel charlatan
Espausat al public, estacat al carcan
Que de l’veire a l’autar cometre l’sacrilège

D’avalar le bon Dieu tan sacrat privilège !
Le mossèc del serpent n’es pas tan venenos
Que le fèl que reganta aquel mostre idos.
Totjorn le trobarètz dins qualque tripotatge
O passa sos moments dins le devergondatge;

L’ipocrita, le gus a l’infèrn s’es vendut
En panant, en violant, en nargant la vertut,
Tanben totis les cops qu’el se bota la stola,
La glèisa en cos s’arruca el’campanat tremola.
Santa Anna, Sant Josèp, Sant Aloie Sant Roc

De paur de l’se gaitar i viran le cooc,
Les angèls de l’autar corren a totas alas
Amortar l’foc sacrat qu’aluman las Vestalas.
Comencèm l’istoric en dirent la vertat
De tot ço qu’el a fait dempèi qu’es a Ravat

Débutèc per un fait que de l’dire me mori:
Dins la nèit debotèc le tronc del Purgatori;
L’endoman que Ravat ajèc le grand malur
De veire confiat als dits d’aquel volur
Le temple del senhor e totas sas richessas

Qu’el devia guerroiar per tenir sas promessas.
D’un cop d’urpa emponhèc sièis cent quatre vint francs
Quistadis per Martin dempèi dos o très ans;
Les placèc a l’intrés al despens de las amas
Qu’el privèc de sortir del turment de las flamas.

Qu’i fasian les damnats? El n’a vist que l’argent
Qu’a raportat cada an de quatre a cinc percent.
Atal a quel fripon comencèc sa carrièra,
Tala fèc son accion sens esser la darrèra.
Cada jorn a trocat calicis, ostensoèrs,

Manobra qu’a servit a farcir sos tiroèrs.
Sul cap de Sant Aloi, un cop, portèt sa grifa,
Qu’el volia descofar per baratar sa mitra;
De paur d’un tal forfait a quel sant bienuros
S’enfugic al galop fora l’rèc dels Peirons.

Les marguilhèrs sapients d’aquela farandola
Corriguen pel salvar de las mans de Cotola.
Cotola tot rictor a fait força mestièrs,
A mèma traficat ambe les porcatièrs;
El a fait le surgent, le recor, le notari;

Als morts a disputat l’ornament del susari;
L’avèm vist fèr podrar Viramont, Calamèrs
E la borda de Gil e l’s tartièrs de Carnièrs
Per cercar le trésor que dins la sacristia
I revelèc un jorn le libre de magia.

Le gojat de Satan, aquel vièlh maquinhon
Barata camps et prats coma la confession
Car non i a pas plan temps qu’una jove persona
S’acusèc d’un pecat que l’bon Dieu non perdona.
Nostre ignoble pastor i lavèc son pecat

Per un vièlh cambajon e dos sestièrs de blat.
Digus non s’es trompat encontemplant sa mina:
Totis l’an conjurat per un gus d’origina.
Del Barri al Pejolet, de Mauri a Contrat,
Raras son las maisons qu’el n’aja roinat

En grifonant papièrs d’un grand floc d’escrituras
Aprovadas totjorn de falsas signaturas.
E mès atal totjorn marcharà l’arpagon
Juscas que l’venga aucir la força del dèmon.
Putanièr, Dieus ac sap, de filhas de tot atge

A tot pretz a volgut la flor del piucelatge.
De vint a vint e cinc dins son confessional
Se son vistas ravir le boquet virginal.
A fins de satisfèr sa passion furibonda
Dels recuenhs de Ravat cada nèit fa la ronda:

Malurosa la femna o la filha en retard,
Cal qu’avale sul cop le veren de son dard.
Coma un ots las crampona e non fug l’envelopa
Que n’aja escosparrat las trompas de Fallopa.
Tot le monde sap plan, i a nau ans a pus près

Qu’una néit suls malhols se degolhèc les pès;
Ac fèc en perseguint una jove drolleta
E malgrè l’accident l’enfilèc en lebreta.
Tanben, despeis qranta ans que l’avèm a Ravat
De cent qranta bastards nos a gratificat
(1861)
Notes

Vers1-6: L’influence de Godolin (Stances et Tant que le caüs...) est manifeste. Arispure imite aussi l’abbé Cabibel, poète occitan du Sabartès qui fut, vers 1875, le seul curé républicain d’Ariège.
Vers 2: charlucar: lamper, boire à petites gorgées, lécher.
Vers 3: forrupar: charlucar
Vers 11: taussols: monticule.
Vers 38: s’arrucar: se blottir, se faire tout petit.
Vers 40: cooc, pour coot, contraction de cogot: nuque. Virar le cogot: virar l’esquina.
Vers 46: debotar: défoncer, briser.
Vers 56: autre version: dètz o vint per cent.
Vers 62: baratar: troquer, trafiquer, frauder.
Vers 69: surgent: chirurgien; rècor: recors, adjoint de l’huissier qui lui sert de témoin.
Vers 71: podrar; il s’agit d’un rite de magie.
Vers 72: tartièr: éboulis.
Vers 97: ots: ors.
Vers 98: escosparrar: esposcar: asperger.
Vers 103: qranta: quaranta

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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